Eux-mêmes ne s’attendaient pas à un tel résultat. Les enseignants du collège Paul-Eluard avaient appelé les parents d’élèves à garder leurs enfants à la maison, ce vendredi, pour manifester leur soutien à l’action engagée contre la réforme dite du « choc des savoirs ». Bilan: sur les 535 élèves que compte l’établissement, six se sont présentés à la rentrée de 8h, et un seul à 9h!
« Tous ceux qui ne sont pas venus ne seront pas comptés comme absents; le service de la vie scolaire doit noter qu’il s’agissait d’un jour de grève même si ce n’est le cas puisque tous les enseignants qui avaient cours ce vendredi étaient présents », explique Laurent Bourgois, professeur d’histoire-géo et représentant du personnel. Et d’assurer que « tous les profs sont solidaires de l’action, personne ne s’est exprimé contre, y compris au sein de la direction et du personnel administratif qui sont tenus au devoir de réserve ».
Cette action avait donc pour but de dénoncer le principe des groupes de niveaux que le gouvernement veut mettre en place. « Avec ces groupes, estiment les enseignants, on va faire un ‘‘tri social’’ parmi les enfants de 6 et 5qui devront en plus s’entasser à 28 voire 29 par classe à la rentrée prochaine. Puis cela sera étendu aux 4 et 3. Sans compter que les salles ne sont pas adaptées, par exemple en sciences où le nombre de paillasses ne sera pas suffisant. Or beaucoup d’élèves en difficulté ont besoin d’avoir des conditions de travail normales. »
« On espère que l’action fera tache d’huile »
Par ailleurs, reprend Laurent Bourgois, « ‘‘le choc des savoirs’’ ne sera financé qu’à 50% par l’État, le reste sera pris sur le budget du collège qui sert à financer les options comme le latin, le rugby, les classes bilingues, etc. Et les heures supplémentaires des enseignants seront supprimées. On exprime donc un ras-le-bol face à la politique menée, surtout que l’enseignement privé, financé par nos impôts, n’est pas concerné ».
La mobilisation d’hier avait aussi valeur de test pour les enseignants. « C’était un moyen de voir si les parents nous soutiennent, indiquent-ils. Et vu le peu d’élèves présents, c’est le cas! » Confirmation avec Médina Mekaissi, adhérente de la FCPE (1), présente devant le collège : « On soutient l’action des profs car on a peur de voir nos enfants dans des classes surchargées, et on craint le risque de stigmatisation des élèves lié aux groupes de niveaux. »
Désormais, conclut Laurent Bourgois, « on espère que cette action fera tache d’huile et motivera d’autres collèges du Var à suivre, comme l’ont fait ce vendredi ceux de Carcès et Barjols, sachant que cette mobilisation s’inscrit dans le cadre d’un comité inter-établissements du Var qui se réunira en assemblée générale mercredi prochain pour envisager la suite du mouvement ».
1. Fédération des conseils de parents d’élèves.
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