Pourquoi le lac de Carcès est actuellement complètement à sec

L’image de ce paysage est remarquable. Si les périodes de sécheresse ont entraîné une baisse du niveau, le lac Sainte-Suzanne a rarement affiché ce vide. Les moins de 20 ans, en tout cas, n’ont jamais vu la retenue d’eau, située sur les communes de Carcès et Cabasse, dans cet état. Il faut en effet remonter à 1999 pour dresser le même constat. À cette époque, une vidange complète avait été réalisée. Elle est de nouveau engagée depuis ce mois de novembre par TPM, propriétaire de ce barrage. Il représente le plus important stock d’eau potable de la métropole et la deuxième ressource principale d’alimentation du territoire (1). Thierry Albertini, 7e vice-président de la métropole, en charge notamment de l’eau et assainissement, évoque les raisons de cette opération et les prochaines étapes.

Quels sont les motifs de cette vidange?

C’est pour établir un diagnostic précis et complet de toutes les parties de l’ouvrage immergées sur lesquelles des travaux sont à réaliser. Avant de les engager, il est important de les quantifier. Cette vidange – réalisée avec toutes les autorisations environnementales – permet donc d’effectuer un examen exhaustif. Cette opération s’inscrit de fait dans un cadre réglementaire.

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Quand cette opération a-t-elle été lancée?

Elle a débuté le 2 novembre et le lac sera maintenu vide jusqu’au mois de février 2024. Suite à cette opération de trois mois, on laissera ensuite le lac se remplir naturellement et on remettra des poissons (ceux stockés en aval, Ndlr). Puis, les travaux seront lancés à partir de 2027, précédés d’une nouvelle vidange.

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Dans la dernière poche d’eau, des sennes – filets rectangulaires – sont notamment mises en place pour prélever les poissons.

Quelles seront la nature de ses travaux et leur durée?

La nature des travaux comme leur durée seront déterminées en fonction des résultats du diagnostic. On en saura plus en début d’année prochaine. Un appel d’offres sera bien entendu lancé. On aura ensuite tous les éléments quant aux coûts et à la durée.

Avant le résultat de ce diagnostic, avez-vous connaissance de désordres?

Une perte d’étanchéité a notamment été constatée sur le barrage en 2015. Il y a aussi un tassement des alluvions sur les fondements de l’ouvrage. Par sécurité, la hauteur d’eau a alors été baissée d’un mètre. Ce qui diminue la capacité de stockage soit 6,85 millions de mètres cubes au lieu de 7,85 millions de mètres cubes (capacité originelle, Ndlr). Cette diminution permet d’avoir moins de pression au niveau du barrage. Il y a vraiment des travaux de confortement et rénovation à engager et leur importance sera définie par le diagnostic.

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Suite à la vidange, le lit naturel du Carami a été remis au jour. La rivière serpente dans le lac et poursuit sa route jusqu’à l’embouchure avec l’Argens à Carcès.

Comment est assurée la continuité de l’alimentation en eau potable pendant cette période de vidange?

Elle est assurée par le barrage du Revest et le canal de Provence.

La préservation de la ressource en eau est plus que jamais d’actualité, affichez-vous des objectifs de cette optique?

Nous travaillons sur le territoire de la métropole à la réutilisation des eaux usées. Par exemple pour un usage industriel, le lavage des rues, l’arrosage des espaces verts, une utilisation agricole… Une fois consommée, comme celle du barrage de Carcès, l’eau est recyclée et donc utilisée une deuxième fois.

1. La société du canal de Provence est la première ressource principale du territoire (environ 15 millions de mètres cubes par an).

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Le nettoyage du déversoir a débuté.

Une pêche de sauvetage abondante

Les services de la Métropole ont pris toutes les mesures nécessaires pour limiter au maximum l’impact de la vidange sur l’environnement. À commencer par la partie piscicole.
Une importante opération de pêche de sauvetage a été ainsi engagée avec une société professionnelle, mandatée par TPM, pour prélever le maximum de poissons.

« Nous travaillons également avec les Aappma (1) de Carcès et Toulon, et la fédération de pêche », souligne Laurent Sannier, directeur adjoint à la Métropole de la préservation des risques. Les poissons ainsi prélevés vont rejoindre pour certains la retenue de Dardennes, les lacs de Sainte-Croix, de Saint-Cassien et du Carnier. « En fonction du tonnage, estimé à 9 tonnes, la fédération va nous proposer deux sites supplémentaires. » D’autres poissons n’auront pas à faire des kilomètres. « Trois tonnes sont conservées dans un barrage filtrant et un seuil naturel en aval du plan d’eau. Ils seront pêchés à nouveau » et retrouveront leur lac, une fois rempli bien entendu.

Chauves-souris protégées

Des Murin de Capaccini, des chauves-souris, ont pris leur quartier d’hibernage dans la galerie de fond. « Nous avons déposé un dossier de dérangement pour espèce protégée. » Des filets ont ainsi été posés pour empêcher les mammifères volants de venir hiberner. Ils seront ensuite enlevés afin que les chauves-souris puissent de nouveau investir les lieux. La vidange avait d’ailleurs été reportée l’année dernière suite au constat de la présence de cette espèce protégée.

Des oiseaux migrateurs sont également présents sur la retenue. « Des comptages ont été réalisés avant et pendant l’opération de vidange. Et se poursuivront après pour voir s’il y a un impact significatif » pour ces volatiles.

1. Association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques

De la vidange au remplissage

L’opération de vidange de la retenue d’eau, validée par l’Etat en charge du contrôle des ouvrages hydrauliques de la Dreal Paca, a débuté le 2 novembre.
Une première phase en douceur

Jusqu’au 13 novembre, la phase d’abaissement a été réalisée en douceur « pour assurer l’intégrité de l’ouvrage, mais aussi de la faune et de la flore en aval », précise Laurent Sannier, directeur adjoint à la Métropole de la préservation des risques. Très basse suite aux périodes de sécheresse, la retenue était alors abaissée de 10 cm par jour. « Dans cette première phase, nous sommes descendus à la cote minimum d’exploitation, jusqu’au lit naturel du Carami ». Le débit réservé en aval de cette rivière est continuellement assuré.

Vitesse supérieure

À partir du 14 novembre, la vidange s’est accélérée. La moyenne de vitesse d’abaissement est passée entre 5 et 6 cm par heure.
« Nous avons contrôlé la vitesse afin de permettre aux opérations de pêche de sauvetage de se dérouler dans de bonnes conditions. Il fallait que les pêcheurs professionnels aient le temps d’intervenir dans les poches d’eau pour prélever un maximum de poissons. »
L’ouverture de la galerie de fond était ainsi ajustée. En cette fin de semaine, le lac était vide.

Investigations

Pendant la phase d’assec, les parties de l’ouvrage à investiguer qui étaient immergées seront nettoyées jusqu’à fin décembre (en prévision). Puis débutera l’inspection du barrage qui se poursuivra jusqu’en février. Une fois ce contrôle terminé, la galerie de fond sera refermée et le lac se remplira naturellement au gré des précipitations.
Obligations réglementaires

Seront ensuite pré

parés les dossiers de travaux qui s’inscrivent principalement dans le cadre du maintien de niveau de sécurité. De classe B, le barrage est soumis à des obligations réglementaires : visites techniques annuelles, auscultations mensuelles et surveillances régulières. « Par ailleurs, on doit sur ce type d’ouvrage effectuer tous les dix ans une étude de dangers actualisée. Elle permet de dresser un état de l’ouvrage et de le mettre en condition de différents dangers (crue, séisme…). En fonction du résultat de l’étude, il peut y avoir nécessité d’engager des travaux de sécurisation pour assurer la pérennité de la structure. » Cette étude de dangers se fait sur la base d’un examen exhaustif d’ouvrage. « On peut faire cet examen soit avec une retenue complètement vidangée soit partiellement avec des plongeurs. »
Comme la dernière vidange complète du lac a été réalisée en 1999, une nouvelle était de mise.

Au fil de l’eau du barrage

Mise en eau en 1934
Propriété alors de la commune de Toulon, la retenue d’eau a été construite sur l’ancien domaine de Brauch au début des années 1930 pour l’alimentation en eau potable d’une partie des foyers de la capitale varoise. L’ouvrage a été mis en eau en 1934. Depuis 2018, le barrage appartient à la métropole Toulon Provence Méditerranée qui a la compétence eau et assainissement sur le territoire. Son exploitation est assurée, par délégation de service public, par la Compagnie des eaux et de l’ozone (Veolia).

52 km plus loin
Le lac Sainte-Suzanne est alimenté par les rivières du Carami et de l’Issole, et la source naturelle d’Ajonc (petit débit). Les lacs de Saint-Christophe à Vins et de Combecave à Cabasse sont utilisés comme réservoirs pour faire face à des situations extrêmes.
L’eau est prélevée dans le Carami, à quelques mètres de sa confluence avec l’Issole, via une conduite de prise depuis l’usine de pompage de Brauch, située au sud du plan d’eau. Elle est transportée par une grosse canalisation de transit d’une longueur de 52 km (treize communes traversées) jusqu’à l’usine de production d’eau potable de La Valette. Les eaux du lac ainsi traitées sont distribuées sur Toulon, La Valette, Saint-Mandrier, Le Pradet et La Garde, et si besoin, sur les communes du Revest et d’Ollioules.

En chiffres

-De 300 à 800 litres à la seconde : en hiver, de 300 à 400 litres d’eau par seconde sont prélevés dans la retenue pour assurer la consommation. Pendant la période estivale, la moyenne est de 800 l/s avec des pics à 1 000 l/s. Par ailleurs en aval, un débit de restitution est dédié à la continuité du maintien de la vie aquatique du Carami.
-12 millions de mètres cubes : en moyenne par an, 12 millions de mètres cubes sont prélevés dans la retenue. Ce volume permet de répondre à un tiers des besoins annuels en eau potable de la métropole.
-14 m de haut : le barrage à une hauteur de 14 m.

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