Le chef d’escadron Raphaël Micillino n’a pas le temps de s’ennuyer. À la tête de six brigades (Brignoles, Barjols/Carcès, Saint-Maximin/Saint-Zacharie, La Roquebrussanne, communauté de brigades du Luc) représentant 53 communes (environ 180 000 habitants) pour 190 militaires, il gère la plus grosse compagnie du Var. Avec des résultats satisfaisants en 2024 et des projets structurants pour 2025.
En quoi se différencie la zone couverte par la compagnie de Brignoles par rapport au reste du département du Var?
Nous n’avons pas de saisonnalité aussi importante que sur la côte, où l’activité liée au tourisme fait aussi augmenter les actes de délinquance. Ici, l’activité est dense et continue toute l’année, ce qui demande un engagement soutenu des militaires en permanence.
Pour quels résultats enregistrés en 2024?
Nous avons eu une activité très importante avec 8.000 crimes et délits constatés sur l’année 2024, pour plus de 1.000 gardes à vue, ce qui fait de nous la 22e compagnie à plus forte activité sur les 350 que compte le territoire métropolitain. Notre compagnie se caractérise par un haut niveau d’atteinte à l’intégrité physique des personnes, dont une grande majorité de violences intrafamiliales (VIF), agrégat qui est en hausse de 21%. Ce sera d’ailleurs l’un des axes forts de nos actions en 2025. En revanche, on constate une baisse de 14% des cambriolages par rapport à 2023.
Le sujet des violences intrafamiliales prend de plus en plus d’ampleur, comment l’expliquez-vous?
Il y a d’un côté la libération saine de la parole, sur laquelle on peut encore aller plus loin, et, dans la plupart des cas, un environnement compliqué lié aux addictions, soit aux stupéfiants, soit à l’alcool. D’où l’intérêt de lutter encore plus efficacement contre la consommation de stupéfiants.
Dans les territoires plus ruraux comme les nôtres, cette problématique est aussi très prégnante?
Oui, il ne faut pas être naïf. On estime que cinq millions de personnes en France consomment du cannabis, et plus d’un million de personnes ont pris de la cocaïne en 2023. Donc, chez nous aussi, le phénomène est sociétal. Mais on se bat efficacement sur le sujet, avec une hausse de 20% de nos actions. Dans le même temps, on constate une hausse des infractions relevées par l’action des services (Iras). Cela montre l’engagement des militaires sur le terrain, notre capacité d’initiative, notre curiosité, et notre capacité de « chasseur » qui s’accroît. Dans le même ordre d’idée, grâce à l’action de la brigade de recherche de Brignoles, nous avons saisi en 2024, 6,4 millions d’euros d’avoirs criminels.
Dans un registre plus léger, en 2024, il vous a fallu gérer le passage de la flamme olympique.
On ne pourrait pas être efficace sans un lien privilégié avec les élus locaux et les polices municipales. La réussite du passage du relais olympique à Brignoles et Flassans-sur-Issole est une très belle démonstration des synergies entre nous.
Le maire de Brignoles a évoqué les locaux de la gendarmerie lors de ses vœux. C’est un sujet qui avance?
La réhabilitation de la caserne de gendarmerie se dessine effectivement et se concrétise peu à peu. On ne peut pas donner de date mais c’est un projet qui a du sens. Quand on parle de construction, de long terme, on peut générer des frustrations mais qu’on rénove ce site dans un projet de territoire prend tout son sens, qu’il s’agisse de sécurité, d’attractivité et de proximité. La compagnie de Brignoles est une compagnie de proximité, nous travaillons là où nous vivons et nous vivons où nous travaillons, nous avons donc à cœur de pouvoir agir de façon pérenne sur la sécurité de nos concitoyens.
Quant au projet de gendarmerie à Cotignac, il est finalement abandonné. Qu’est-ce que cela change pour vous?
À mon arrivée en 2022, les locaux de la gendarmerie de Barjols étaient vétustes. Il y avait un projet dans ce secteur, qui aurait pu se faire à Cotignac. Mais de nouveaux locaux ont été trouvés à Barjols, qui répondent parfaitement à nos besoins actuels, tout comme sur la brigade de Carcès qui a également été rénovée, donc aujourd’hui, on reste sur une situation inchangée.
Quelles sont vos priorités pour 2025?
Le premier axe c’est bien sûr de poursuivre nos efforts dans la lutte contre la délinquance, en particulier contre les violences intrafamiliales (VIF), avec notamment le projet de salle Mélanie à l’hôpital de Brignoles, pour accueillir les mineurs victimes d’infraction à caractère sexuelle. Il faut savoir qu’en 2024 la Maison de la protection des familles à La Valette-du-Var a réalisé 226 auditions de mineurs juste pour la compagnie de Brignoles. Autant d’auditions qui pourront être réalisées dans la salle Mélanie. On va également passer une convention avec l’hôpital de Brignoles pour la prise de plainte directement aux urgences, notamment encore une fois sur les VIF. Nous réfléchissons à l’élaboration de supports d’information, distribués dans des commerces de proximité sur les VIF, le harcèlement scolaire, l’addictologie, etc. Sur un autre thème, on veut développer des réseaux de participation citoyenne pour affiner notre réseau de renseignements, notamment en ce qui concerne les cambriolages. Et enfin, c’est plus symbolique mais important à mes yeux, le projet d’appellation de la caserne de Barjols au nom de Maurice Simian, tué en service en 1978. Là encore, ça a du sens car on a réinvesti le site dans lequel il travaillait à l’époque. On se tourne vers l’avenir tout en ayant un regard éclairé sur le passé.
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