Depuis que Robert Francis Prevost est devenu le pape Léon XIV, le monde de la généalogie est en effervescence pour retracer l’arbre, aussi complexe que foisonnant, de l’Américain natif de Chicago.
Ses racines normandes, via sa grand-mère Suzanne Fontaine, ont été rapidement mises au jour. Pas plus tard que mercredi, un collectif français du Cercle de généalogie a révélé son ascendance italienne. Comment ? En mettant la main sur un document de 1940 exigé par l’administration américaine auprès des immigrés. Son grand-père paternel, John R. Prevost, a ainsi déclaré qu’il était né à Milazzo, en Sicile, en 1876 sous le nom de Salvatore Giovanni Riggitano Alioti.
La lignée paternelle du pape complétée
À partir de cette découverte, les généalogistes ont pu retracer son parcours. Salvatore a émigré aux États-Unis en 1903 depuis Naples, rejoignant sa sœur Rosa à New York. Il s’est rapidement établi à Chicago, où il a enseigné l’italien, le français et l’espagnol, menant une carrière de professeur.
C’est là qu’il a rencontré Suzanne Fontaine, une gouvernante française née au Havre en 1894. Leur fils Louis Marius Prevost, directeur d’école, se mariera avec Mildred Agnes Martinez avec qui il a eu trois enfants, dont Robert Francis, le futur pape.
Mildred Agnes Martinez ouvre une autre piste généalogique qui mène en Louisiane. Grâce au travail de fourmi mené par les généalogistes français, que nous avons pu consulter et recouper grâce au concours de Maxence Morio, un enseignant charentais installé en Croatie, qui a planché sur l’arbre de Léon XIV avec près de 500 autres généalogistes.
Aussi sommes-nous en mesure d’avancer que la lignée maternelle conduit bien dans le Var. Et plus précisément à Carcès, une petite commune de 3 400 habitants jusqu’alors plus connue pour son lac ou sa position exacte de centre du Var selon l’IGN, que pour un lien quelconque avec le nouveau pape.
Voilà qu’un saut dans le temps s’impose. Nous sommes le 14 septembre 1806. Un certain Eugène Grambois naît à Carcès. Il est le fils de l’instituteur Joseph Grambois (1778-1854) né à Artignosc-sur-Verdon, et de Thérèse Paul (1781-1853) née à Correns.
Le Carçois devient l’un des plus éminents pharmaciens de La Nouvelle-Orléans
Devenu pharmacien, Eugène part en Louisane où il obtient l’équivalence de son diplôme le 1er octobre 1838. Le Varois a exercé pendant plusieurs décennies dans cette ancienne colonie française que Bonaparte a vendue aux Anglais en 1803. « Il était considéré comme l’un des plus éminents pharmaciens de New Orleans », assure un groupe de généalogistes américains. Qui nous apprend également qu’il était croyant et engagé au sein de l’Église catholique.
À la fin de l’année 1838, il devient père pour la première fois. Une petite Eugénie naît d’une relation hors mariage avec une certaine Odile Copel, que l’état civil américain désigne comme « mulâtre ».
La branche maternelle du pape descend d’esclaves noirs
Dans une Amérique qui a aboli l’esclavage en 1865, l’état-civil a continué à mentionner cette catégorie jusqu’en 1920 dans ses formulaires de recensement pour signifier les descendants d’esclaves noirs.
La petite Eugénie Grambois est à son tour désignée comme « mulâtre ». Dans un document notarial daté de 1843, établi par Maître Carlile Pollock à New Orleans, on y trouve des hypothèques, des ventes de terres, des ventes ou des libérations d’esclaves… Et une donation réalisée par Eugène Grambois en faveur d’Odile Copel qui élève seule sa fille avant de se marier avec Jean-Baptiste Fleming, lui aussi mulâtre.
Louise de Louisiane, la clé
Eugénie a 30 ans quand elle met au monde sa fille Louise née deux ans plus tôt de l’union avec un cordonnier d’origine béarnaise répondant au nom de Ferdinand Baquié.
C’est cette Louise de Louisiane qui est la porte d’entrée sur la lignée varoise du pape. Car si les récentes études généalogiques mentionnent toutes Louise Baquié, seuls les Français du Cercle de généalogie ont remonté sa piste.
Et ce, grâce au travail de leurs collègues américains, à une banque de données des Mormons qui ont numérisé des millions de documents accessibles en ligne, mais aussi à leur langue maternelle, de nombreux documents de la Louisiane colonisée étant en français. Ce travail a notamment permis de recouper plusieurs orthographes de son nom (Baquié, Bacquié, Baquier) et confirmer que « c’est la même personne », rapporte Maxence Morio. « À cette époque, les patronymes étaient souvent retranscrits de manière phonétique. Ils changeaient en fonction de l’accent de la personne interrogée, de l’interprétation de l’officier d’état civil ou encore du curé chargé de l’enregistrement, les noms changeaient. »
Louise Baquié est donc née en février 1868 à La Nouvelle-Orléans. Elle n’a que 14 ans quand son père décède. À 19 ans, elle se marie (août 1887) à La Nouvelle-Orléans avec Joseph Nerval Martinez, un fabricant de cigares qui deviendra par la suite greffier. En Louisiane, le couple donne naissance à six filles : Irma, Marguerite, Lydia, Louise Eugénie, Hilda et Ethel, décédée à trois ans en 1911. Cette même année, Louise met au monde une septième fille à Chicago: Mildred Agnes. Mariée à Louis Marius Prevost en 1949, elle enfantera le 24 septembre 1955, à 43 ans, le petit Robert Francis, futur pape. Cette bibliothécaire s’est éteinte en 1990 à l’âge de 78 ans.
Eugène Grambois, le retour aux sources
Pour confirmer le lien entre le pape et le pharmacien varois, nous prenons la direction de Carcès. Au cimetière, on y mène une recherche méthodique, facile mais inutile dans la partie la plus récente. Fastidieuse et décourageante dans l’ancien cimetière, plusieurs caveaux étant muets ou en très mauvais état. Mais au pied d’un cyprès, bingo! Sur une pierre tombale abîmée et piquée de moisissures, on peut y lire difficilement « Famille Grambois ». Ni d’Eugène, ni de parent, ni d’épitaphe. Même si ce caveau n’apparaît plus sur le plan des concessions de la commune, il est fort probable que l’aïeul du pape y ait été enterré à une époque où la crémation n’existait pas.
On réunit le maire et le curé autour d’un café pour leur apprendre la nouvelle. Passionné d’histoire, Marc Ravanello n’en revient pas: « C’est un truc de fou! Je veux voir la papamobile là, devant l’église! ». « OK, c’est marrant, mais que le pape soit blanc, noir ou serbo-moldave, je m’en fous, lâche le truculent curé de la paroisse, Augustin Gempp. Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’il dit et ce qu’il fait. » Et s’il se rendait un jour jusqu’à Carcès pour y faire son travail de mémoire? Le maire a lui d’ores et déjà prévu de faire nettoyer la tombe et de fouiller les archives départementales pour en savoir davantage sur le désormais « fameux » pharmacien.
Recensé à Carcès en 1866
À ce stade, plusieurs éléments biographiques ont été mis à jour par les généalogistes qui nous permettent de brosser un portrait en pointillé du Carçois.
S’il a reconnu sa fille Eugénie sans l’élever, Eugène Grambois a continué à écrire sa propre histoire à La Nouvelle-Orléans. Il y rencontre rapidement Emma Despereaux, sans doute descendante de colons français, qui sera la femme de sa vie. Huit enfants naîtront de leur union entre 1840 et 1862 (Anna, Emilia, Helena, Augustin, Élise, Honorine, Émilie et Eugène) dont trois seraient décédés prématurément. À la naissance de son dernier enfant, Eugène Grambois a 55 ans.
En décembre 1844, un document révèle qu’il est passager d’un bateau au départ de Marseille qui rallie La Nouvelle-Orléans. Lors d’un recensement effectué en 1860 en Louisiane – il a alors 53 ans -, il déclare vivre dans la maison familiale avec son épouse Emma (39 ans), quatre de leurs enfants, une servante et un commis allemand.
On retrouve sa trace six ans plus tard. Non plus en Louisiane mais dans son village natal de Carcès. Lors des recensements de 1866, 1872, 1876 et 1881, il occupe le foyer avec son épouse qui a accepté de le suivre en France et trois de leurs enfants : Élise, Honorine et Émilie. Il est décédé le 30 avril 1882 à Carcès à l’âge de 75 ans. L’acte de décès a été établi au service d’état civil de la commune par ses amis Jean-Jacques Marcel et Célestin Beck. Aujourd’hui, aucune trace de la famille Grambois ne subsiste au village et les mémoires encore vives que nous avons sollicitées sont restées sans voix.
Des descendants pharmaciens à Marseille
Si ce n’est à Carcès, plusieurs des enfants d’Eugène Grambois ont fait vivre la lignée dans la région. Le généalogiste Maxence Morio et son groupe de recherche ont retrouvé la trace de leur fille Hortense, née à La Nouvelle-Orléans le 18 mai 1855. Celle-ci a épousé un certain Jules Grambois dessinateur (peut-être parent ?) et lui donnera un fils, Léon Grambois, né à Lyon en 1883 et devenu pharmacien comme son grand-père. Installé à Marseille, Léon exerce au 10 place d’Aix (aujourd’hui place Jules-Guesde) comme le stipulent les archives municipales.
Son fils Paul (1921-1976) puis sa petite-fille Marie-Christine, née en 1952, font vivre la pharmacie familiale qui aurait été vendue en 2017. Âgée de 73 ans, Marie-Christine vit à Marseille. Jointe par téléphone pour l’informer de son lien de parenté avec Léon XIV, elle a coupé court à toute discussion. Préférant peut-être ne pas réveiller certains morts.
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